On se salira sous la pluie et on roulera dans les feuilles mortes


Nous sommes le 21 septembre. C'est l'automne et bientôt on assistera au retour fracassant de ces petits rien de la nature qui animent 80% des conversations de bureaux et de halls d'immeuble. 
La pluie, les feuilles, la boue, le vent, le ciel gris et les jours qui raccourcissent.
Personnellement, la pluie ne me dérange pas sauf quand je me suis lissé les cheveux. On se plaint de la pluie alors qu'elle est quand même l'élément indispensable quand on veut s'embrasser après une dispute, se baigner dans l'océan un soir d'été ou hurler un bon coup après une journée de merde. 
Je vais vous dire un truc. On s'en fout du temps. Vraiment. 

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Tous les samedis matins, je suis seule avec Aaron. A son réveil il hurle "maman" et j'accours gaiement. Je le trouve assis, la tête enfarinée, je m'enivre de l'odeur de ses cheveux et prépare son biberon pendant qu'il me fait un café (en gros, il appuie sur le bouton après avoir réclamé avec ferveur une tasssse). On boit tout ça avec des fruits et des gâteaux devant Nemo. Et puis on sort.
On a la flemme parfois. Il fait trop moche, trop froid, trop chaud. On resterait bien là, en pyjama, à glander, après tout il a plein de jouets.
Mais on se motive parce qu'il y a le parc, près de la place du marché. Pour y arriver, on chasse quelques pigeons et on s'arrête admirer une grande fontaine. Il y a un toboggan, des jeux seulement autorisés aux 4 ans et plus, et une autre fontaine, celle des bêtises, petite et verte, où on peut rincer ses doigts poisseux et ses pieds écorchés, celle dont on se sert pour arroser tous ses copains en collant sa main sous le robinet. 
Je n'aime pas la saleté sur moi. Petite, je boycottais le parc par dégoût du sable resté collé sur mes mains et les prof de maternelle trouvaient ça étrange. 
Quand je vois Aaron renverser sa grenadine et allonger son bras sur la flaque, je suis silencieusement catastrophée, donc inconsciemment, quand je vois le toboggan trempé, j'hésite. Et puis je relâche la pression, oui, vas-y mon coeur, descends-le quand même, le pantalon épongera. C'est un enfant, tant pis. Non. Tant mieux.  

Nos réactions d'adultes dépendent souvent de la météo, du nombres d'heures de sommeil de la nuit d'avant, du bus qu'on va rater et de l'heure du bain qui approche. Il y a les jours trop courts, le dîner à préparer, ah oui d'ailleurs qu'est-ce que je vais faire ce soir, merde.
Et il y a eux. Nos enfants. Leur curiosité naturelle, leur besoin d'aventure et leur envie de faire des conneries.

J'ai vu cette vidéo. Elle a résonné en moi.
Bien sûr qu'on sort, qu'on va au parc. Mais combien de temps ? Tous les jours, vraiment ?
Je ne sais plus. Je ne crois pas. Pas assez. 
Je veux oublier la fatigue et le planning millimétré. 
Je veux qu'il goûte au parfum du soleil sur ses joues. Même le soleil froid d'hiver. Qu'il sente le vent dans ses bouclettes à l'automne et l'odeur des fleurs au printemps. 
Je veux qu'il dévale un toboggan mouillé juste pour le plaisir de le voir rire. 
Je veux qu'il collectionne les cailloux, ramasse des marrons, fabrique une cabane, cueille des pâquerettes et les décortiques en pensant à une amoureuse, trouve un bâton et s'en serve de sceptre tout le reste de la journée. 
Je veux le voir rouler dans l'herbe et sauter dans des flaques, continuer de chasser les pigeons en croyant qu'il finira un jour par en toucher un. 
Je veux qu'il ait une vie à l'extérieur, des choses à explorer, un monde à découvrir. Entendre le vrombissement des motos qui le fascinent tellement, rire du nom des rues et apprendre à reconnaître le chant des oiseaux même si on n'y connaît rien, on s'en fout, au pire, on inventera.
Pardon pour toutes les fois où j'ai eu la flemme. 
On ira dehors, tous les jours et pas juste un quart d'heure en allant chercher le pain. 
On laissera les portables et les tablettes aux cas d'urgence et aux salles d'attentes. 
On gardera Nemo pour le matin quand on vient de se réveiller. 
Ça suffira bien comme ça, le reste du temps, on jouera. Dedans bien sûr, mais dehors aussi. 
Même sous la pluie. 
C'est promis. 


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Ce texte a été inspiré après avoir pris une grosse claque visionné une vidéo. 
Je l'ai découverte par hasard, grâce aux réseaux sociaux.
Réalisée à l'initiative de la marque Skip, "Libérez les enfants" a pour but de dénoncer le temps moyen passé par les enfants en extérieur.



Commentaires

Unknown a dit…
Tellement vrai il faut que je le sorte plus mon petit diable. La terrasse ça compte ???😂😂😂😂😂😂😂😂😂
Anonyme a dit…
J'ai découvert ton blogue par hasard, je ne sais même plus pour qu'elle recherche, en tout cas, je viens lire de temps en temps, j'aime bien ta façon d'écrire. J'ai moi même deux enfants, et je ne pense vraiment pas qu'il faille ce culpabiliser, leur comparaison est parfaitement absurde... Nos enfants ne sont pas enfermé dans 10m2... Si il veulent sortir il prennent leur chaussure et viens maman, viens ! Oui des fois on a la flemme, des fois il fait trop froid, des fois on ne sait juste pas quoi faire dehors, certe. Mais la maison est loin d'être une cellule de prison, on y danse avec la musique à fond, on cour pour aucune raison, on fait des roulés boulé par terre parce que c'est marrant, on y fait des cabanes en coussin, en chaise et en couverture, on y dessine, on y peins et j'en passe... Le monde nous fais culpabilisé de tout, encore plus quand on est parents. Écouter son cœur, voila le seul conseil qu'on devrait nous donner, parce que ce langage nos enfants le comprennent à coup sur. Alors oui on fait des erreurs, et on va en faire encore pleins... Ça fait partit du jeu finalement, nous ne sommes des être humains qui élevons de petits être humains. Pleins de bonne choses :)