732 jours

La veille du 1er décembre 2014, j'ai perdu les eaux assise sur mon lit pendant que je me baladais sur facebook. Je sortais de la douche, je faisais mon habituel tour de portable. J'ai senti. J'ai eu un doute d'abord, puis, plus aucun. Je savais que c'était ça. J'ai regardé devant moi, un peu perdue, dans le vague, et j'ai souris. J'ai attendu quelques secondes avant de le lui dire.
Pendant un instant, j'étais seule à savoir.
C'est pour ce soir.

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Hier matin, j'étais là à son réveil, j'ai négocié avec lui pour l'habiller (traduction je l'ai collé devant un dessin animé), au moment de se quitter il a bordé une petite tortue en la disposant au milieu de mon oreiller, "au revoir tortue", bonne journée. Le soir on a diné japonais, et au moment où on allait le coucher avant de baver devant Le Meilleur Pâtissier, il est arrivé dans le salon avec 2 plaids, un oreiller, une tétine, son Coco, Mana (alias Simba) et il s'est calé entre nous deux avec ce petit attirail en se dandinant. On s'est regardé, ébahis par sa mignonnerie, et puis après un quart de seconde de mûre réflexion, on l'a gardé comme ça avec nous, en le couvrant de bisous. Il s'est couché un peu plus tard mais pour rien au monde on serait passé à côté de ça.

Aaron, mon fils, mon bébé doux. Tu es né il y a 732 jours.
Je savais qu'avoir un enfant était une expérience indescriptible, je savais que l'amour allait jaillir et nous éclabousser à l'instant même où l'on te rencontrerait, je savais que tu allais changer mon monde.

Mais je ne savais pas que ce serait TOI.

Toi et tes petites manies adorables, ta tendresse, ta façon de nous caresser la nuque quand on te prend dans nos bras, de réclamer pour lancer des lessives, d'essayer de nous aider à les étendre, nous dire "câlin" quand tu as décrété que tu en voulais un, et manger en prenant les aliments avec tes doigts pour ensuite les mettre dans ta cuillère.

Si je pouvais parler à la Delphine qui venait de perdre les eaux je lui dirai qu'elle va avoir un accouchement horrible mais le plus mignon, adorable, drôle et fantastique petit bébé.
C'est aussi con que ça, je passe mon temps à t'admirer. Je croyais que 18 mois était mon âge préféré, et puis tu t'es mis à parler, et tout a été décuplé, moi qui pensait ne plus pouvoir t'aimer encore plus, ça déborde, de tous les côtés. Chaque jour qui passe est ma nouvelle période préférée.

Je ne sais pas de quoi demain est fait, j'espère te voir grandir jusqu'à ce que tu aies des rides sur le front et les bouclettes ramollies, je veux juste respirer chaque jour auprès de toi jusqu'aussi longtemps que la vie nous le permettra. J'ai passé les 732 jours les plus beaux et les plus inoubliables de ma vie, je te pardonne la centaine de nuits ratées dans le lot, les caprices parce que tu ne veux pas te moucher ni t'allonger pour t'habiller, les tétines jetées hors du lit exprès avant de dormir, puis réclamées pour qu'on vienne te câliner, les fois où tu as préféré ton papa, les moments où tu as essayé d'être insolent en nous regardant droit dans les yeux, et les fois où tu nous a poussés à bout tous les deux. T'es un vrai colérique, un hypersensible, tu boudes avant de te jeter dans nos bras, et nous on essaie de comprendre tout ça. Je t'aime pour tes câlins comme pour tes colères, je t'aime exactement comme tu es.

732 jours.
A se demander si on fait bien, à relativiser, après tout on essaie, à se remettre en question, à penser à ton avenir, à l'argent, à la santé, à la vie.
732 jours à penser à toi quand on se réveille et quand on s'endort, à réfléchir à ta tenue du jour quand il fait froid dehors. A soupirer en pensant que tu vas l'attraper quand on tombe malade, à troquer mon Deluxe contre un happy meal au MacDo juste pour le jouet, quand tu avais 6 mois et que tu ne mangeais même pas encore ces cochonneries-là.
732 jours à réaliser comme la vie est différente quand celle d'un autre dépend de nous. A avoir plus peur des attentats que jamais et penser à se terrer au fin fond d'une campagne le lendemain du 13 novembre. Pour toi, pour t'offrir une vraie enfance, celle qui te laisserait un million de souvenirs, de genoux écorchés, de papillons attrapés et de roulades dans la boue. Loin des fous, loin des tablettes, loin de notre stupide iPhone. Dans un monde où le meilleur pâtissier n'est pas dans la télé, mais dans la cuisine. En vrai.

On essaie, tu sais. Notre vie est ici, c'est nous, c'est aussi là qu'on a grandit. On va rester. On va s'améliorer, je te le promets.

732 jours à essayer d'être meilleurs pour te montrer l'exemple.
Pas un jour n'est passé sans que l'on essaie de te faire rigoler.
Si tu savais mon fils, comme ton rire est magique.  Il essuie les larmes, ravive les sourires et remet les pieds sur Terre.

Aux milliers de fous rires qui nous attendent, aux centaines d'histoires qu'on se racontera même tard le soir, aux négociations musclées qui arriveront chaque hiver avant de te moucher... Sachez qu'on vous attend. Impatients. Parce que ces 732 jours ont donné du sens aux miens, parce qu'ils nous ont fait nous aimer encore plus fort, ton papa et moi, encore plus qu'après le oui du 26 mai, plus qu'après les Seychelles, plus que la première fois où l'on s'est dit je t'aime. On était amoureux, tu es arrivé, et tu as fait de nous des alliés.

732 jours de toi. Et pas assez d'une vie pour décrire tout ça.

Merci de m'avoir choisi pour être ta maman.

732 jours que je ne suis plus la même, je suis mieux. Je suis maman. Je suis fière. Je suis différente. Je suis plus fatiguée et plus aimante. Je souris dans le bus. Je tiens bon et parfois non. Mais je suis là pour toi. Si tu savais comme ça a tout changé de te porter et de t'aimer. Je ne te le dirais jamais, jamais assez. Tu es ma bénédiction, mon honneur, ma fierté dans la vie.
J'ai beaucoup pleuré avant toi mon fils, mais beaucoup moins, depuis 732 jours, peut-être surtout de joie.

J'espère très fort qu'un jour tu seras un homme qui me dépassera d'une tête, qui s'engueulera avec moi sur une histoire de sortie en boîte ou de scooter, qui me détestera quelques secondes, et qui lira tout ça. Rien n'aura changé, je crois même que d'ici là mon amour se sera encore multiplié.

Je t'aime mon fils. Je t'ai aimé le 29 mars, que j'ai lu le résultat sur le bâtonnet, je t'ai aimé il y a 732 jours, quand on t'as posé sur moi à 13h23, je t'aime chaque matin que le Ciel fait, je t'aime tellement que ça fait mal parfois.

732 jours à sentir la petite odeur à la naissance de tes cheveux et m'enivrer avec, pour l'éternité.

Je sais bien, que c'est toi qui va souffler la bougie, ce soir. Mais c'est mon seul souhait.
Alors, ne m'en veux pas, mais peut-être que, discrètement, tout à l'heure... je t'aiderai.


© Ourson Chéri


Commentaires

Unknown a dit…
Joyeux anniversaire petit Nounours. Et encore pleins d'années entourés par tes parents. C'est tout ce qui compte.

Et joyeux anniversaire aussi à toi Delphine. Les mamans fêtent aussi cette journée.

J'adore te lire. Ça déborde d'amour. Merci de nous partager ça. Des gros bisous.
Unknown a dit…
Encore un joyeux anniversaire au petit nounours ❤ gros bisous
Anonyme a dit…
Je me reconnais tellement dans tes récits...merci de partager avec nous tes récits. Bel anniversaire à vous 3 et pleins d'autres encore!!!
lolilola a dit…
Woaw une déclaration d amour magnifique !!