Le journal de ma grossesse - les premiers mois
Je suis bientôt à la moitié.
La moitié, les gars.
Et je n'ai définitivement pas assez écrit là-dessus.
Séance de rattrapage : le point des premiers mois pour Baby N (alias nounours bis ou nounouchka) et moi.
De 2SA à 6SA (1er mois de grossesse)
RAS - Savourer...
Mon corps
Rien
n'a changé pour l'instant. Les seins prennent du volume et ce n'était
pas arrivé pour la grossesse précédente. Pas encore d'autres symptômes.
Ma tête
Je
me sens bien. Contrairement à la dernière fois, je ne compte pas les
semaines à rebours dans la crainte de la fausse couche. Je ne saurais
pas comment l'expliquer mais je sais et je sens que tout va bien se
passer. Je nage dans le bonheur.
Mon coeur
Sur mon nuage, je flotte dans les airs. Pas
superstitieux, on l'annonce déjà à nos familles et nos plus
proches amis. J'ai besoin et envie de vivre cette grossesse à fond, dès
le départ. Ce sera peut être ma dernière grossesse, on s'est fixés sur l'envie d'avoir deux enfants, en laissant peut-être une petite ouverture un jour pour un troisième, dans plusieurs années, et avec beaucoup plus d'écart... alors je tiens à tout prix à tirer les leçons de ma première grossesse pour réussir à l'apprécier vraiment cette fois.
Baby N
La graine de pavot se fait discrète et pousse sereinement.
De 6 SA à 10SA (2ème mois de grossesse)
+2 kilos et un odorat de Berger Allemand. Je n'aime plus le café. Moi!
Mon corps
Je
le hais. Mon corps me laisse tomber. Nausées,
brûlures continues pendant des heures dans l'oesophage
après chaque repas.
Esomeprazole, omeprazole, gaviscon, bicarbonate de soude, gingembre,
primperan, je prends tout, rien ne me soulage même un petit peu. Cette
grossesse devient un cauchemar invivable. Je tiens le coup en me répétant tous les jours que ça va bientôt passer et que c'est normal.
Ma tête
Je
suis déterminée les premières semaines. J'arrive à lutter
contre les nausées et je suis motivée à profiter de ma grossesse malgré
toutes ses difficultés. Je contacte mon gynéco dès les premiers signes apparus, et je prends chaque problème à bras le corps, persuadée que je vais réussir à tout contrôler. Vers la 9ème semaine, ma détermination commence à flancher. Face à mes échecs successifs, j'accuse le coup.
Mon coeur
Je suis nerveuse, je ne pense qu'à mes maux, et je m'interdis de trop me projeter à cause de mes nombreux problèmes. On ne sait jamais ce qui peut arriver.
Baby N
Je
m'inquiète beaucoup pour mon bébé. J'ai peur que ma santé
catastrophique soit en réalité le signe d'un problème avec la sienne. J'ai droit à une mini écho de contrôle à 9SA par mon gynéco,
perplexe devant mon état et l'inefficacité des médicaments. Par chance, pour le bébé, tout va bien. Il nage tranquillement dans sa petite piscine chauffée, le
cœur bat la chamade, nous voila rassurés.
De 10SA à 14SA (3ème mois de grossesse)
+3kg, ventre tout plat et musclé le matin, et digne d'une femme enceinte de 5 mois le soir.
Mon corps
Quand les nausées commencent à s'estomper vers
la 10ème semaine mais que les vomissements du reflux, qui lui, n'a pas
disparu, se mettent en place, je craque. La situation se détériore et atteint un point insoutenable. La perspective de subir tout ça encore plusieurs semaines ou même toute ma grossesse est insupportable. Chaque jour, chaque repas est une
nouvelle épreuve. Je suis arrêtée une semaine, juste avant Noël.
Ma tête
Moralement je ne tiens plus le coup. Je n'ai plus goût à rien, je pleure le soir en
m'endormant, tout en priant pour que mon calvaire s'arrête un jour. Je pense au pire. Le mari
tente de me soutenir comme il peu, désemparé. Même mon fils le remarque, il me prête parfois son
coco quand il me voit sortir des toilettes.
Mon coeur
Je ne pense à rien. Je ne profite pas. Je suis tout à mon calvaire et je n'arrive pas à me projeter dans ma grossesse pour le moment, les maux l'emportent sur tout. Vient le moment de pouvoir l'annoncer officiellement, un vrai réconfort qui me donne un petit élan positif. Tant pis pour la prudence, j'annonce tout 2 jours avant la première écho. J'ai besoin de cette concrétisation, mais je ne me sens pas encore légitime comme femme enceinte, parce que cela ne fait que deux mois. J'intériorise tout, je ne projette pas mon bébé mais je pleure comme une madeleine quand Mistral Gagnant passe à la radio.
Baby N
Vient l'heure
de la première échographie à 12 SA. On détecte une
anomalie au niveau du cordon: il n'y a qu'une seule artère ombilicale
au lieu de deux. Le médecin et la sage femme présente sont rassurants, je suis confiante. Puis les jours passent... ça va trotter
douloureusement dans la tête en secret. Et s'il y avait un problème ? Je fais l'erreur monumentale de regarder sur internet, et là, les terribles informations notamment sur les possibles malformations que je lis finissent de m'achever. Je n'arrive par encore à profiter pleinement, car ma santé est catastrophique et celle de mon bébé incertaine. Je dois patienter jusqu'à la deuxième échographie pour crier victoire.
De 14 SA à 18 SA (4ème mois)
+4kg, ventre toujours inexistant au réveil et énorme le soir. Je bois du café à nouveau et j'ai une passion démesurée pour les crudités. Je n'ai plus de cheveux, non, j'ai une crinière !
Mon corps
Mes
vacances en Thaïlande se sont déroulées dans le même état de
découragement total face à mon reflux, de plus en plus violent,
invivable. A mon retour, je suis à nouveau arrêtée par les médecins. Je
décide de reprendre les choses en main, je veux qu'on me sorte de là. Je
vais voir mon gynécologue en urgence, et je prends rendez-vous chez
l’ostéopathe. Le soir même, hasard ou effet psychologique, je sens un
progrès. Je suis désormais sous Motilium et Inexium, mais les
vomissements cessent. Une légère gêne subsiste après les repas, un petit
sentiment d’écœurement.
Ma tête
J'ai
repris le dessus, j'ai envie de me sortir de cette spirale infernale,
je veux profiter de ma grossesse. Bref, je suis passée en mode warrior !
J'ai longuement discuté avec mon gynécologue de mes craintes sur la
santé du bébé à cause de l'AOU (Artère Ombilicale Unique) et il m'a
rassurée à nouveau. Je lui fais confiance. Je décide d'enterrer tout ça au fond de
ma tête jusqu'à la 22ème semaine et je suis décidée à vivre pleinement en harmonie avec mon bébé,
sans penser à cette épée de Damoclès qui flotte au-dessus de nous jusqu'à la deuxième échographie.
Mon coeur
Je
me lâche, j'ouvre les vannes, je l'appelle par son prénom, qu'on a déjà choisi, oui oui, à priori on connaît le sexe (pour la forme, on attend quand même la confirmation de la deuxième échographie pour l'annoncer, les erreurs restent fréquentes à 12SA), j'ai fait
les soldes et même acheté quelques body d'été taille nourrisson pour la maternité. C'est ma manière à
moi de concrétiser, de mettre du bonheur et des étoiles dans ces
moments de fragilité. Je morfle, mais je vais avoir un bébé et puis il
portera ça.
Baby N
Tous les soirs, devant nos films et séries, après mon petit massage
hydratant, je pose mes mains sur mon ventre et j'attends. Parfois, je sens les
vagues, mon coeur bat à tout rompre, c'est tellement léger que je ne peux
pas encore le partager avec le mari, il ne le percevrait pas, alors je
garde ça pour moi, c'est mon secret, notre secret, au bébé et moi. On
créé enfin un lien après ces semaines de souffrance.
Ce n'est pas tout à fait fini. Le traitement continue, indispensable -j'ai bien essayé
de tout arrêter, c’était dramatique- les douleurs pelviennes font déjà
leur apparition (c'était au 6ème mois pour Aaron), mais tout va mieux, je
comprends des choses, vous savez, ces grandes leçons que l'on doit à
ses enfants. Aaron m'a appris tellement depuis sa naissance, et ce bébé
m'apprend aujourd'hui, moi la grande impatiente, à apprécier la vie
telle qu'elle est maintenant. Je ne peux pas attendre la deuxième
échographie ni de le savoir en bonne santé pour l'aimer, je l'aime déjà, plus que tout, mon bébé grenadine de 14cm.
Je fais avec le reflux, et lui fait avec
l'artère ombilicale unique. On est forts, à deux.
Finalement, à notre manière, on se bat un peu, déjà, l'un pour l'autre.
Finalement, à notre manière, on se bat un peu, déjà, l'un pour l'autre.
En juillet, tout ça ne sera plus qu'un souvenir.
En juillet, tu seras enfin, enfin, dans mes bras.
En juillet, tu seras enfin, enfin, dans mes bras.
On va y arriver, et on sera fiers de nous.
On va vivre à fond d'ici là.
Parce que je veux y croire.
Parce que tout ira bien.
Commentaires