{ Week-end à Center Parcs} Partie 2: Under the dôme

Samedi 

6h45. Neva a faim, Aaron s’ennuie. T’y vas ou j’y vais ? Embourbée dans un sommeil qui pèse 6 tonnes, je ne réponds pas. 

6h46. Le silence est d'or. Il a du avoir pitié de moi puisque j’entends shaker le biberon et me rendort comme une bienheureuse. #coparenting


10h00. La maison s'éveille, c'est quoi ce truc sur les chenilles processionnaires, ouais, bref, on va se baigner ?

10h51. J'ai une crise cardiaque en voyant Neva dans son mini maillot de bain une-pièce. En digne "happy face" qui se respecte, elle passe son temps à sourire. Sourire aux gens, sourire aux gamins qui l'éclaboussent quand ils passent en courant à côté d'elle, sourire quand on barbote, sourire quand on se sèche, bref ma fille chante la vie, danse la vie, elle n'est qu'Amour.

11h00. J'ai failli perdre un bras, ma belle-mère et mon sang-froid dans la rivière sauvage. Aaron en redemande. 

11h04. Aaron, qui hurle quand une goutte d'eau tombe dans ses yeux au moment du bain et négocie à chaque fois pour éviter le case shampooing, veut se mettre sous une cascade géante et affirme qu'il sait nager tout seul. 


12h15. Stratagème de fuite ordinaire: On vérifie que nos doigts sont bien frippés. Ah oui c'est, bon, ils sont frippés, ça veut dire que c'est l'heure de bouffer. #vivrepourmanger 

12h30. J'aime pas les douches de piscine, mais j'ai des enfants qui sentent fort le chlore alors je les rince, au moins eux. Enlever -à contre-coeur- le une-pièce de Neva et sa couche de bain me prends autant de temps que la douche d'une famille entière à côté de moi.

12h45. Forte des 500 calories perdues dans la rivière sauvage, je fais mon choix. Ce sera un suprême bacon, sans bacon. La majorité l'emporte pour manger au cottage, alors, à emporter svp. 


13h00. Oh regardez, les voilà les chenilles processionnaires, c'est rigolo, Aaron regaaaaarde, là, par terre, ne touche pas, apparemment c'est urticant. 

13h01. Arrivée triomphale au cottage, avec option cheveux qui gouttent dans le dos. Déballage des sacs: ils ont oubliés toutes les sauces. #ÔrageÔdésespoir

13h02. Je ne marmonne aucun "voilà pourquoi je vérifie toujours tout quand je prends à emporter, vous vous moquez moi, ah la parano, oh la relou, mais c'est quand même mieux de vérifier hein..." non je ne dis rien face à mon héros du jour qui retourne au Dôme en courant. Entre sa gestion du réveil très matinal et son sprint aller-retour pour les sauces, je m'interroge. Il a fait une cure de magnésium ou quoi ? Anyway, love you bébé. #jesuisbilingueetjelereste

15h00. C'est l'heure de la sieste, je transforme la plus grande salle de bain en spa. Hammam bien fumant, sauna étouffant, gommage intensif, adieu les peaux mortes, bonjour le teint frais, je frotte compte double là où j'ai des vergetures. C'est quoi ces boutons à l'arrière des cuisses, et voilà, je me suis encore fait dévorer. #nemeparlezpasdepeausucrée

17h40. C'est bientôt l'heure du bowling qu'on a réservé gaiement avec l'idée d'initier Aaron. Problème, les enfants dorment à poings fermés. Je prépare les sacs et je ne retrouve pas le maillot de Neva. C'était mon préféré, j'ai même pas eu le temps de la photographier dedans. La mort dans l'âme, (rien que ça) j'en prends un autre. 

17h41. Finalement Neva sèche le bowling et la piscine pour un tête-à-tête avec sa Nanou. #etapprendreafairelamoue 

17h42. Réveiller Aaron de sa sieste, c'est un risque qu'il faut prendre avec des boules quiés et un grand talent en diplomatie. Je pars courageusement au front.

17h52. Le prince Aaron est chafouin, mais ça va passer. Il paraît.

18h10. Le roi Aaron refuse de jouer au bowling. On se relaie donc pour l'occuper et l'amuser entre deux strike. #reinedelagouttiere

19h00 Le bowling est fini, le dictateur Aaron est toujours de mauvaise humeur, on va au coin des jeux et on trouve par miracle un attrape-nigaud avec gain assuré. Le jeton que l'on espère détenteur de la bonne humeur de notre enfant tombe dans la machine et nous rapporte une superbe peluche en forme de cornet de glace. Aaron retrouve le sourire.

19h05. Aaron fait un scandale quand son père ne l'entend pas l'appeler.

19h06 Aaron pleure, chouine, râle avec des larmes de crocodile. Je salue chaleureusement mes limites, qui viennent de frapper à ma porte.

19h07 J’ignore le public qui assiste à ma furie (aka tout le domaine), prends un Aaron odieux par les épaules et le pose sur le premier banc que je vois en lui hurlant -expliquant- que je ne suis pas d’accord et qu’il va être puni. Pas de piscine avec cette attitude, on rentre au cottage. Le mot clé punition fait l’effet d’une bombe et j’ai droit à un magistral « pardon maman, c'est bon, je suis calmé ». Mais où est passé la foule censée m’applaudir ?


19h15 La piscine de nuit c’est sympa aussi. Aaron a la soudaine gentillesse des enfants qui viennent de se faire gronder. Genre, je tousse et il me dit "à tes souhaits" avec un petit sourire complice. Je salue chaleureusement ma culpabilité, qui vient de faire son entrée. #momlife

19h17 Pendant que les plus téméraires s'essaient au toboggan droit comme un I sobrement appelé "Cobra", j'explique à mon beau-père ma peur de ce genre d'attractions à cause de l’imprudence des gens. Surtout ceux qui ne respectent pas les feux. Au même moment je vois un gamin dévaler le toboggan qu’Aaron est encore en train de descendre. La collision est heureusement minime, le père du gamin est hilare, et au loin mon beau-père m’envoie un clin d’œil rassurant pour tenter de neutraliser les mitraillettes que j'ai à la place des yeux. 

19h40. Aaron semble valider le concept du bac à sable dans la piscine. Mais qu’est ce qu’avait fumé le mec de Center Parcs quand il a pensé à ça ? Bon. Après tout, c’est pas moi qui fait le ménage. 

19h55. Je teste le jacuzzi et place stratégiquement mes cuisses sous les jets. Tremble, cellulite! #lescapitonscapitulent


19h56. Dites les gars on aurait pas envie de se faire une bonne raclette?  #vivrepourmanger 

20h10. Le moment tant redouté du vestiaire arrive: le brouhaha, les sacs trop nombreux, l'habillage au milieu des affaires mouillées, les serviettes humides dans lesquelles on ne peut plus rien faire sécher, et surtout, le moment où je dois passer ma tête dans mon pull, sentir ma crinière trempée collée dans mon dos et l’extirper de ma nuque en tirant violemment dessus. Vous avez les cheveux courts? Sachez que c’est la sensation la plus désagréable de la terre. 

20h18. Je commets l’erreur fatale de mettre mes chaussettes. David se rappelle soudain du maillot de Neva. Et si, comme par miracle, il était resté suspendu près des douches depuis ce matin ? 

20h21. Les gens font la queue devant les cabines tellement il y a de monde dans ces vestiaires bondés. Voguant à contre-sens, je me faufile, chaussée et habillée, en me recroquevillant parmi les corps à moitié nus, mouillés (et poilus). Pardon, paaaardon, excusez-moi, pardon, merci. Au moindre contact je suis saisie de dégoût. #promiscuité

20h22. Miracle, j'aperçois au loin le mini maillot à volants de ma Nevouchka, suspendu au crochet des douches. Il est encore plus mignon de loin. J'arrive, petit ! #lesgenshonnêtes 

20h45. Le fromage crépite dans son poêlon, c’est parti, faîtes popper le bocal de cornichons! #lescapitonssemarrent

01h30. Mon équipe a largement gagné au Time's Up, je peux me coucher sereine. En consolation je m’engage à me lever pour les kids demain matin. Enfin, tout à l’heure quoi.

8h30. J’ai la chance insolente d’ouvrir les yeux en même temps que mes enfants. Hi five, mes poussins j'vous adore.

9h35. Dites, je me suis fait dévorer par une araignée. Vous aussi ? Ah oui, vous aussi. Partout. Et x1000. C'était quoi déjà l'histoire des chenilles ? #poilsurticants #ensemblevraiment


Allez, à l'année prochaine !

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Epilogue

Le séjour s'est terminé sur quelques tours de rivière, une visite express à la petite ferme pédagogique, une escale à l'aire de jeux intérieure où se côtoyaient joyeusement boules, trampolines, dinosaures géants et toboggans, le tout sans la moindre goutte d'eau, ouf, soulagement pour mes cheveux. On a retrouvé les daims dans le parc animalier, sorti les bottes de pluie et fait une balade dans la forêt.
Pour les sportifs il y a toutes les activités que je séchais au lycée. On se garde l'accro-branche pour quand-on-aura-plus-le-vertige, et la tyrolienne et les pédalo pour l'été.

Quand on part à Center Parcs, on fait les courses avant, on dîne toujours une raclette, parce que ça dégouline comme nos bons sentiments. Là-bas, c’est un peu la promesse de souvenirs qui marqueront toute une vie. La nature qui entoure ce petit cocon à nous pour quelques jours, l’eau mouillée des chaussettes, l'excitation en entrant dans les vestiaires, les douches mal réglées, la pointe des pieds dans le pédiluve, l’odeur des bouées. Un mélange de chlore et de chaleur moite qui vous enveloppe délicieusement quand vous sortez de là avec la peau qui tire un peu à cause du froid.
On court pour choisir la meilleure chambre en arrivant et on voit des étoiles la nuit, ça compte beaucoup quand on a grandi à Paris. On fait des jeux de société parce qu'on a plus besoin de cette foutue télé, on est de mauvaise foi et on s’engueule autant qu'on s'aime. On improvise des courses dans la rivière sauvage et on se fait des confidences dans la piscine avec l'eau jusqu'au visage. 
On créé des souvenirs déjà teintés de nostalgie. On vit, maintenant. 

Qu'est ce qu'ils disent déjà dans les pubs ? Ensemble. Vraiment. 




© Ourson Chéri



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